Jean Patou devient la maison Patou comme, à l’époque, Christian Dior est devenu la maison Dior. Un nouveau départ après un sommeil que l’on avait finit par penser, à contre-coeur, qu’il serait peut-être éternel. Retour sur le réveil de la maison après 30 années d’une discrétion assourdissante.
LVMH ou le baiser du prince charmant
8 Quai du Marché-Neuf, ce qui était autrefois le collège HULST pour filles devient, peu à peu, le quartier général d’une belle endormie. Jean Patou, devenu simplement « PATOU » sur la plaque de bronze vissée sur le mur de ce nouveau fief à quelques pas d’une autre rescapée : Notre-Dame de Paris. Ainsi Jean Patou libère Jean tout comme Saint-Laurent avait libéré Yves et Dior, avant lui, Christian.
Jean Patou, l’homme qui savait
Mais avant de parler de renaissance, Jean Patou était au sommet. Bien plus ancienne que Dior et même Chanel, la maison de couture éponyme a été innaugurée par Mr Patou, un homme de talent qui a marqué son époque. Né le le 27 septembre 1887 à Paris, dans le 10ème arrondissement. La maison Parry, qu’il lance en 1912 au 4, rond-point des Champs-Elysées après l’échec de sa première maison de couture et de son atelier de fourrure, convainc certaines actrices et personnalités mondaines de l’époque comme Ève Lavallière, Geneviève Lantelme ou encore Alyx. Peu à peu, Jean Patou suscite de l’intérêt et voit sa popularité grandir. Avec le succès, viennent les employés et avec la venue des employés, Jean Patou se pose en patron bienveillant et indiscutablement humain.
Des défilés grandioses au parfum JOY
Des défilés de mode exceptionnels sont désormais organisés avec des centaines de mannequins sur les runways. Businessmen, acteurs, politiques, des invités de renoms viennent assistés aux shows du créateur. Les patrons se vendent comme des petits pains aux acquéreurs américains La réputation de Jean Patou dépasse les frontières et des boutiques sont ouvertes un peu partout en France, de Biarritz à Cannes.
Mais la crise de 1929 vient freiner la maison de couture. Heureusement, le lancement du parfum JOY, devenue l’un des emblèmes de la maison et réputé comme étant le parfum le plus chère du monde vient sauver Patou. Séduit par l’idée de ce parfum, le slogan Joy, le parfum le plus cher au monde (the costliest perfume in the world) vient dorer l’image de la maison et réussir le lancement de la fragrance. Les années 20 seront marquées par un créateur en parfaite harmonie avec les envies et les attentes de l’époque, faisant de lui un couturier incontournable de son époque.
Il meurt prématurément en 1936 d’une crise d’apoplexie à l’âge de 48 ans.
La survie des parfums
Bien que sa maison est survécue au décès de Patou, celle-ci finit par s’effacer lentement, particulièrement suite au départ du créateur Michel Goma en 1987. Un départ entrainant l’arrêt de la section haute-couture et le début d’un long sommeil dans la couture. Seul les parfums continueront de faire survivre la marque de l’homme au chapeau melon jusqu’en 2006, dernier parfum sortie par la maison à ce jour :
1987 : Ma Liberté
1992 : Sublime
1995 : Voyageur
1998 : Un Amour de Patou
1998 : Patou For Ever
2000 : 2000 En Patou
2001 : Patou Hip
2001 : Patou Nacre
2003 : Enjoy
2006 : Sira des Indes
Puis, à nouveau, la marque ne fait plus parler d’elle pendant plus de douze années…
Le réveil de la belle endormie
2018 marquera la renaissance de la maison. Le rachat de LVMH donne un nouveau souffle à un nom qui n’en finissait plus de se cacher dans l’ombre et des initiatives importantes visent à relancer la machine. Guillaume Henry, ancien directeur de création pour Nina Ricci, est nommé directeur artistique de Jean Patou qui se nomme désormais simplement « Patou ».
Patou ou les prémices d’un réveil que l’on a, en réalité, jamais finit de désiré. Le roi est mort, vive le roi !