C’était un monument de la mode qui s’éteint. Après la mort de sa créatrice, en 2016, c’est au tour de la maison de couture emblématique de s’en aller… en laissant derrière elle un héritage considérable. Retour sur l’histoire d’une créatrice majeure et sur la création d’une marque incontournable, aujourd’hui mise en liquidation judiciaire.
Celle que l’on surnommait « la reine du tricot » est né le 25 mai 1930 à Paris. Son père, Alfred Flis, est un horloger né à Vaslui en Roumanie et sa mère, Fanny, est une française d’ascendance russe. Ensemble ils ont 5 filles dont Sonia est l’ainée. Elle découvre la mode suite à une punition infligée par sa mère après avoir raté son baccalauréat. En refusant de repasser l’examen, elle se voit obligée de passer un stage dans la Grande Maison de Blanc. Quelques années plus tard, en 1954, elle marie avec Mr Samuel Rykiel et aura deux enfants, Nathalie (1955) et Jean-philippe (1961). Samuel dirige la boutique familiale Laura, située au 104, avenue du Général-Leclerc à Paris, qui deviendra sont fait d’armes avec la création de ses premiers pulls. Entre Venise et Paris, un pull-over court et ajusté, imaginé par Sonia Rykiel, alors enceinte, deviendra bientôt le célèbre Poor Boy Sweater. Audrey Hepburn en commandera une quinzaine et, en 1960, Françoise Hardy en porte un pour la une de Elle. Face à une notoriété grandissante, elle fonde la marque 8 ans plus tard à l’aide de Samuel, devenu son ancien mari, et ouvre sa première boutique au 6 rue de Grenelle, à Paris. La maison Sonia Rykiel est née.
Tout au long de sa carrière, elle ne cesse d’innover et libérer la femme qu’elle veut sensuelle, féminine et indépendante. Elle met au point les coutures à l’envers, le pas doublé, le pas d’ourlet, impose les rayures, la maille, les strass ou encore les messages inscrits sur ses pulls. La maison de couture grandit jusqu’à devenir emblématique et incontournable.
Sonia Rykiel est morte le 25 Aout 2016 à l’âge de 86 ans peu après avoir vendu 80% du capital de la maison au groupe Fung Brands. Mais après le décès de sa créatrice, les ennuis financiers s’aggravent. En 2018, la maison avance un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros et une perte de 30 millions d’euros. Le 30 avril 2019, Sonia Rykiel est placé en redressement judiciaire. Le 25 Juillet 2019, le sentante tombe et la maison de couture est mise en liquidation judiciaire. C’est la fin d’une marque à la fois étonnante et « démodante » sans jamais être démodée, une marque qui a marqué la mode de son empreinte et qui, d’une certaine façon, restera toujours inscrite dans l’ADN de la mode française.
« Cette nouvelle est affligeante », s’exclame Inès de la Fressange sur Europe 1. « On est rentré dans un système de groupes de luxe, qui sont de gros annonceurs, et on a l’impression que c’est difficile pour les autres. […] Je me dis qu’il y a un truc qui cloche. La France est bien contente d’être considérée comme le pays de la mode, alors peut-être que l’on va s’interroger en se disant que la disparition de Sonia Rykiel, ça n’est pas normal ! »
Dans les couloirs du Valentine’s Pepper, la nouvelle nous attriste. Mais personne, dans le monde de la mode, n’oubliera l’apport de cette maison célèbre pour ses rayures et sa maille. Show must go on !